Gion et son matsuri : sur les traces du Kyôto traditionnel

En ce mois de juillet, toute la ville de Kyôto vibre au rythme d’un des plus grands festivals du pays, le Gion Matsuri. Au programme : des danses, des défilés de chars gigantesques, et des rituels millénaires ! Plongez avec nous dans cet univers fabuleux, du quartier traditionnel de Gion au festival qui en porte le nom ! 

Maisons traditionnelles dans une rue du quartier de Gion, Kyoto, Japon
Une rue de Gion (photo par Basile Morin)

 

Gion, un quartier chargé d’histoire

Photo du sanctuaire Yasaka à Kyoto
Le sanctuaire Yasaka en avril 2018 (photo par Natalie Maguire)

Quartier historique situé au cœur de Kyôto, entre le sanctuaire Yasaka à l’est et la rivière Kamo à l’ouest, Gion est aujourd’hui un lieu incontournable de la ville. Son nom s’explique par sa proximité avec le sanctuaire Gion-san, aujourd’hui appelé Yasaka. À l’origine, le quartier servait de lieu de repos pour les pèlerins, qui venaient ici pour obtenir les faveurs de la divinité Gozu Tennō. À partir de l’ère Sengoku (XVe-XVIe siècles), un quartier des plaisirs se forme autour du sanctuaire, et le commerce se développe. Aujourd’hui encore, le lieu reste célèbre pour son admirable architecture traditionnelle, avec des lanternes emblématiques à l’entrée des maisons !

Maison traditionnelle japonaise à Kyoto
Une maison traditionnelle du quartier (photo par Hyppolyte de Saint-Rambert)

Le monde des geishas

Trois geisha dans une rue du quartier de Gion, Kyoto, Japon
Trois geishas dans les rues de Gion (photo par Satoshi Hirayama)

Le quartier se caractérise également par ses maisons de thé où travaillent les geishas. À la suite du développement à Gion des théâtres et spectacles de marionnettes bunraku durant l’époque Edo (1600-1868), les maisons de thé se multiplient. Elles font progressivement la renommée des rues Shijō et Kawaramachi, ce qui explique le lien profond qu’entretiennent les geishas avec Gion.

L’endroit abrite deux des cinq hanamachi (« ville des fleurs », quartiers de geisha) de Kyôto. En 2019, on dénombrait 27 maiko (apprenties geishas) et 7 geishas à Gion Kōbu, la plus grande avenue florale du quartier, ainsi que 7 maiko et 11 geishas à Gion-est (Hanamachi Times, 2019).

Photo d'un restaurant de nuit dans le quartier de Gion, ruelle Pontocho
Un restaurant de nuit dans la ruelle Pontocho (photo par Francesco G)

Cette histoire très riche et ce cadre sublime ne manquent pas d’attirer les touristes. De jour comme de nuit, de nombreux étrangers parcourent ces rues en espérant au passage apercevoir une geisha ou maiko. Le canal de Shirakawa accueille sur ses rives de luxueux restaurants et maisons de thé, et la ruelle Pontocho est connue pour ses restaurants animés à la nuit tombée et son spectacle annuel de geishas.

Cependant, un tel succès peut mener à certaines incivilités, à l’égard des geishas mais aussi des habitants. Depuis 2024, les voies privées sont de ce fait fermement interdites au public pour assurer la tranquillité des locaux.

 

La fête contre la peste : quand Gion inspire le Gion Matsuri

En 869, la peste frappa tout le Japon. Pour conjurer ce malheur, la cour impériale se rendit au sanctuaire de Gion. En effet, la divinité de ce lieu, Gozu Tennō, était alors réputée pour soulager les épidémies et éloigner le mal. Soixante-six hoko, sortes d’hallebardes, furent plantés autour du temple afin de représenter les soixante-six provinces du Japon. Ce rituel mit fin, dit-on, à l’épidémie.

Depuis, le Gion Matsuri (« festival de Gion ») célèbre presque chaque année cet événement légendaire lors de somptueuses fêtes. De grands défilés sont organisés, notamment le 17 et 24 juillet pour déplacer les divinités à travers la ville. Les hoko ont progressivement commencé à désigner les immenses chars qui transportent ces piques. On compte aussi les yama, chars plus petits mais tout aussi luxueux, dans ces défilés. Ce sont de véritables « musées d’art mobiles », où les élites marchandes font étalage de leur fortune.

Défilé traditionnel du Gion Matsuri en juillet 2017 au Japon
Défilé du 17 juillet 2017 (photo par Edomura no tokuzō)

 

Des traditions millénaires… et toujours vivantes !

Stands de nourriture la nuit, pendant le Gion Matsuri en été au Japon
« Yoi-yoi-yama », fête du 15 juillet lors du Gion Matsuri de 2010 (photo par nekonomania)

À partir du 14 juillet, les quartiers traditionnels accueillent lanternes, décorations et stands de nourriture pour les yoiyama qui précèdent la grande parade. Lors du Byobu Matsuri (« festival du paravent »), les riches familles de Kyôto exposent paravents, kimonos et autres précieux héritages familiaux devant leur maison.

Le défilé du 17 juillet est la principale parade et la plus spectaculaire. Un cortège de trente-quatre chars appelé yamaboko arpente les rues de la ville, tirés à la force des bras des personnes qui constituent la procession. Le premier char du défilé transporte un enfant maquillé, choisi parmi ceux de la ville pour incarner le messager divin : selon la tradition, il n’a pas le droit de poser un pied au sol du 13 juillet jusqu’à la fin du défilé.

Même si le Gion Matsuri tire son nom du quartier de Gion, les principaux défilés ont en fait surtout lieu sur la rive opposée. Certains défilés secondaires et cérémonies religieuses seulement ont lieu à Yasaka, qui demeure cependant le cœur spirituel de la fête

Logo du patrimoine mondial de l'UNESCOLa tradition a perduré jusqu’à aujourd’hui malgré les incendies, les interdictions temporaires ou la transformation de la ville. Elle a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2009.

 

Gion aux Éditions d’Est en Ouest

Couverture d'un roman japonais mettant en scène une geisha de Kyoto
Couverture japonaise par ©YASURAOKA Miho

Envie de connaître l’atmosphère magique de Gion et son festival ? Alors notre prochaine nouveauté de la Collection Pas à Pas devrait vous plaire ! Nous vous proposons notre roman le Destin de Tsukie en précommande à partir du 25 août 2025. Découvrez sous la plume érudite de l’écrivain et psychiatre Toshirô Fujimoto l’univers des geishas de Kyôto au début du XIXe siècle. Vous y suivrez la brillante maiko Tsukie, partagée entre son intérêt pour la médecine et la maison de thé familiale.

Dans le Destin de Tsukie, le Gion Matsuri a également tout un chapitre qui lui est consacré. En effet, Tsukie réussit à intégrer l’un de ces splendides défilés. Mais saura-t-elle être à la hauteur de cet honneur, elle qui n’est qu’une apprentie ? Réussira-t-elle à attirer les regards ? Après tout, il en suffit peut-être d’un pour tout changer…

À précommander dès le 25 août 2025 sur Ulule !

 

Sources

Merci à Hugo pour son aide précieuse et ses recherches !

Une réponse

  1. L’article est une belle invitation au voyage , une plongée dans la tradition et lève un peu le voile sur le livre à paraitre….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Gion et son matsuri : sur les traces du Kyôto traditionnel

Table des matières