Les chats s’invitent en littérature !
Les chats sont très célèbres dans la culture nippone. En effet, ces animaux très populaires au Japon ont d’intéressantes significations et sont représentés dans de nombreux arts.
Les chats furent pendant longtemps considérés comme précieux et destinés à tenir compagnie aux plus riches familles japonaises. Au temps de la période d’Edo se développa le mouvement artistique de l’ukiyo-e (estampes et peintures japonaises sur bois) et, parmi les œuvres produites, nous pouvons fréquemment apercevoir des chats en compagnie de dames nobles. Dans les estampes du célèbre Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) nous les découvrons habillés et se comportant comme des hommes en pleine conversation.
Le chat est aussi intégré à la mythologie japonaise ; les légendes racontent qu’au bout d’un certain nombre d’années, les gros matous se transforment en Nekomata ou Bakeneko, c’est à dire en yokai (esprits magiques du folklore japonais), faisant ainsi l’acquisition de pouvoirs surnaturels. Ils peuvent changer d’apparence et prendre celle de leurs maîtres après les avoir attaqués, notamment dans le cas des Nekomata les plus puissants et rancuniers. Ils auraient aussi des talents de nécromancie, ressuscitant les morts et les manipulant à leur guise. Si les Bakeneko ne sont pas systématiquement malveillants, les Nekomata sont associés à la mort et considérés comme des êtres diaboliques.
Ces représentations ne viennent pourtant pas ternir l’image actuelle des chats répandue au sein de la population ; celle de boules de poils kawaii, affectueuses et bienveillantes, notamment entretenue par certains personnages populaires tels qu’Hello Kitty, très en vogueau Japon, ou encore Chi, le protagoniste du manga et de l’adaptation animée éponymes de Konami Kanata.
Les chats errants peuvent être nombreux en ville, et il existe même onze nekojima au sein de l’archipel, véritables îles à chats sur lesquelles ces derniers sont en passe de devenir plus nombreux que la population locale ! Pour n’en citer que quelques-unes : Aoshima, Tashirojima, ou Manabeshima, île que l’on découvre dans la BD éponyme de Florent Chavouet.
Ainsi, depuis l’ère Edo, les chats sont très populaires comme animaux de compagnie, mais également respectés et figurés par des sculptures présentes dans bon nombre de commerces ou de maisons : les Maneki Neko. Ces figurines de chat assis sur les pattes arrières et levant une patte de devant sont des porte-bonheurs qui doivent apporter prospérité et chance. Outre le typique Maneki neko blanc, il en existe de différentes couleurs associées à des symboliques telles que la bonne santé, la richesse, le bonheur au sein de la famille ou la réussite scolaire…
Au vu de leur importante présence au sein de la société japonaise, il n’est pas étonnant deretrouver ces animaux en tant que protagonistes ou fidèles compagnons dans denombreuses histoires, de dessins-animés comme de livres.
Dans la littérature, le chat peut jouer le rôle d’observateur méticuleux de la société nippone,actuelle mais aussi plus ancienne, dont il nous fait une critique ou une description enadoptant un angle de vue original.
Ainsi, dans le roman comme la bande-dessinée ou la poésie, le chat est bien présent ! Voici quelques exemples : le très célèbre Je suis un chat de Natsume Soseki (1905-1906), Plainsong de Kazushi Osaka (1990), 20 ans avec mon chat de Mayumi Inaba (2014), Haïkus du chat de Minami Shinbô (2015) ou encore Les Mémoires d’un chat d’Hiro Harikawa (2017)…
Si un auteur se sent assez proche du chat pour prendre sa peau et observer le monde, c’est peut-être parce que cet animal calme et solitaire pose un regard intrigué, intrigant, sur la société. Cela peut-être dû à une certaine représentation des félins ; êtres intrinsèquement sauvages, ils resteraient détachés du monde humain qui les entoure même si eux aussi y évoluent.
Et qu’en est-il dans la culture occidentale ?
Au Moyen-Age, les chats portaient une image négative, due à leur prétendue association avec les sorcières, le diable, et le mal prêchée par l’Église. Cet animal est quelques siècles plus tard utilisé par certains auteurs pour dénoncer un caractère sournois et hypocrite. Dans le conte du Chat Botté de Charles Perrault, le chat permet par sa ruse à son maître, désargenté, d’épouser une princesse et de connaître une promotion sociale. Mais celui des Fables de la Fontaine est, pour sa part, égoïste et grand seigneur, appréciant écraser les autres animaux et s’en sortant toujours bien.
Ce caractère rappelle d’ailleurs celui d’un chat roux américain bien connu pour sa malice etprotagoniste d’une série de BD portant son nom…
Certains de ces traits peuvent également faire penser au personnage principal d’une autresérie : Le Chat du Rabbin de Joann Sfar.
Mais le chat interroge également. Il est entouré de mystère, a un côté insaisissable qui inspire les artistes et les écrivains. La représentation la plus originale, fantastique, de ce caractère est sans doute le chat de Cheshire d’Alice au Pays des Merveilles, qui a pour habitude de s’exprimer sous forme d’énigmes et de disparaître sans prévenir, pour ne laisserflotter dans la nuit que son sourire se confondant avec le croissant de lune.
Mais, dans la littérature française, le chat a aussi été décrit sous un meilleur jour, par Baudelaire par exemple, qui célèbre sa grâce parfois hypnotique dans un de ses poèmes (LeChat dans Les Fleurs du Mal). Et nous pouvons également retrouver des animaux protagonistes dans les Dialogues de bêtes de Colette, qui nous offrent une vision singulière de la société et des Hommes.
Ainsi, au Japon comme en France, le chat a été intégré à la littérature et aux arts il y a bien longtemps, et les histoires à son sujet connaissent plusieurs adaptations…Prenez Le paradisdes chats d’Emile Zola ; la petite histoire d’un chat domestique dont le cœur balance entre leconfort et l’aventure qui peut l’attendre à l’extérieur et qui, après avoir expérimenté les dangers de la vie de chat errant, préfère rentrer dans sa confortable maison pour continuer àvivre en sécurité, malgré le mépris des chats de gouttière. Cette intrigue ne vous rappelle-t-elle pas une autre histoire ? Celle des Aristochats bien sûr, protagonistes du film d’animationéponyme sorti par les studios Disney en 1970.
Alors, si vous êtes fans de ces félins ainsi que de littérature, nul doute que vous trouverez des auteurs de l’Est comme de l’Ouest qui les mettent sur le devant de la scène !