La littérature féminine japonaise
Genre littéraire : Les journaux féminins japonais
avec Mémoires d’une éphémère, par la mère de Fujiwara no MichitsunaDe nos jours, les auteures japonaises sont nombreuses à mettre en avant des figures féminines fortes, intelligentes et indépendantes. Nous pouvons citer Seiko TANABE, Ai YAZAWA ou encore Mieko KAWAKAMI.
Eh bien, sachez que cette littérature féminine que nous connaissons aujourd’hui a une origine qui remonte à la période Heian (794-1185) !
De nos jours, les auteures japonaises sont nombreuses à mettre en avant des figures féminines fortes, intelligentes et indépendantes. Nous pouvons citer Seiko TANABE, Ai YAZAWA ou encore Mieko KAWAKAMI.
Eh bien, sachez que cette littérature féminine que nous connaissons aujourd’hui a une origine qui remonte à la période Heian (794-1185) !
Les Mémoires d’une éphémère, pionnières du genre ?
Mémoires d’une éphémère est donc une œuvre datant de l’époque Heian. Cette période est caractérisée par une « noblesse de cour » qui s’appuie sur les arts littéraires et surtout la poésie. L’auteure est une noble de la période qu’on appelle « la mère de Michitsuna » parce que son nom est resté inconnu ! Pendant vingt ans, elle a retranscrit sous la forme d’un roman autobiographique, son quotidien et surtout les interactions avec son mari Fujiwara no Kaneie, à une époque où la polygamie est de rigueur. Il semble qu’avec ses mémoires, la mère de Michitsuna soit à l’origine du genre littéraire communément appelé « journaux féminins » (Nikki bungaku).
Les journaux féminins
Dans le Japon d’Heian, seuls les hommes rédigeaient des journaux. Ils étaient écrits en langue chinoise et relataient principalement les actualités.
On suppose que la mère de Michitsuna se serait inspirée de ce format périodique pour écrire « son journal intime », ses mémoires. Elle revisite complètement les journaux de l’époque en écrivant en *kana des écrits personnels et intimes, et tout ceci en étant une femme !
Par la suite, ce format littéraire devient un genre à part entière, et d’autres femmes japonaises rédigent également leurs propres journaux féminins. On peut citer Notes de chevet de Sei Shônagon.
Un plongeon au sein d'une époque atypique
Avec Mémoires d’une éphémère, vous plongez dans le Japon d’Heian et de ses coutumes singulières. Les interdits, les relations sociales et enfin la poésie qui rythme chaque interaction vous feront changer d’univers !
Vous en apprendrez plus sur la société de l’époque en y étant directement introduit, et vous pourrez découvrir la poésie ancêtre des haïkus, les waka.
« Me vient alors à l’esprit qu’il a suspendu ses visites depuis le huitième mois et que, dans ce vide, nous voici arrivés au premier mois ; mes larmes débordent, les sanglots m’étouffent. Alors :
« Elle qui devrait
A mes pleurs joindre son chant
La fauvette,
Ignorerait-elle encore
Qu’est venu le premier mois ? » »
Un lien avec littérature contemporaine
Enfin, dans Mémoires d’une éphémère, notre auteure est une femme qui a un caractère bien trempé. Elle ne supporte pas la polygamie autorisée à son époque, qu’elle considère comme du libertinage, et ne se gêne pas pour le faire comprendre à son mari. C’est une femme pugnace qui revendique l’exclusivité matrimoniale, car elle estime la mériter.
Finalement, le combat continue encore dans le Japon contemporain, même si les enjeux sont différents. Du XXème au XXIème siècle, la littérature contemporaine voit émerger des femmes japonaises qui ne cessent de proposer des romans engagés, autour de l’amour, la maternité, de la société ou de sujets plus tabous comme l’inceste ou l’avortement.
De nos jours, Banana Yoshimoto, Hiromi Kawakami, Yôko Ogawa, Mieko Kawakami, Risa Wataya et beaucoup d’autres composent la littérature féminine japonaise.
« […] Il y a beau temps que je suis revenue ici, mais bien sûr, comment pourriez-vous vous en aviser ? Et pourtant, vous êtes passés par ici à mainte reprise, sans vous soucier d’avoir jadis fréquenté ces parages. Mais la faute en revient tout entière à mon indolence, qui fait que je m’attarde dans le monde ; aussi garderais-je désormais le silence. »
À lire
Vous pouvez découvrir Josée, le tigre et les poissons, ainsi que notre nouveauté livre Sentimental Journey, de Seiko TANABE aux éditions d’Est en Ouest.
Les romans de Seiko TANABE mettent en avant les femmes japonaises encore entravées par le patriarcat dominant et qui toutefois revendiquent leurs droits et tentent de se défaire de leur carcan. Contemporaine de Minako Ôba, Yuko Tsushima et Sawako Ariyoshi, Seiko TANABE et cette génération de femmes d’après-guerre admirent les femmes occidentales qui ont commencé leur révolution et n’hésitent pas à se moquer des traditions.
Mémoires d’une éphémère est difficilement trouvable.
Vous procurez Notes de chevet, de Sei Shônagon ici.
*Alphabet syllabaire japonais. Ecrire ainsi permet notamment de créer des jeux de mots entre mots de même prononciation.